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Faut-il manger bio ?

On me pose souvent la question. « Pourquoi tu manges bio ? »


« Déjà qu’on n’est jamais sûr que ce soit vraiment bio, ça coûte la blinde et en plus, c’est pas toujours meilleur que du conventionnel… Alors, pourquoi ? » 


Est-ce que ça t’arrive de penser la même chose ? Ou au contraire d’avoir ce genre de remarque ?


Perso, je sais pourquoi je mange bio mais parfois je manque d’infos précises pour me sentir toujours en cohérence avec ce choix posé voilà plus de 10 ans… Je ne cherche à convaincre personne, chacun a ses raisons pour prendre ses décisions mais dernièrement, plusieurs personnes ont semé le doute dans mon esprit :

« Tu sais que le bio de grande surface, c’est pas toujours du bio ? »

« Tout le monde fait un peu ce qu’il veut dans le bio, c’est pas vraiment contrôlé »

« Le bio, c’est avant tout une question de pognon »


Et c’est vrai qu’avec tout ce que je lis dans les medias, mainstream ou alternatifs, je ne suis plus certaine que mes choix reposent sur la réalité.


J’ai eu envie de mieux m’informer pour re-choisir en toute conscience.


Cependant, trouver l’information aujourd’hui n’est pas simple. Nous devons pratiquement nous transformer en véritables journalistes d’investigation. Alors, j’ai choisi de me faire aider par Michel…

Magasins bio à Liège

À Liège, il existe plusieurs endroits pour se fournir en produits bios : Le temps des Cerises, Vibio, La ferme Pâque, Chez Georgette, les Petits producteurs, La Ruche Qui Dit Oui, la Coopérative Ardente, Al Binète (et sûrement d’autres que je ne connais pas…)


J’ai une préférence pour la Ferme Pâque car j’y trouve une production maison de légumes et une vente de viande au comptoir.


J’avoue, j’ai un petit faible pour un morceau de boudin noir ou un peu de boeuf haché deux trois fois par semaine. Et honnêtement quand je vois tous les additifs ajoutés à la viande vendue en grandes surfaces ou sous vide, franchement, ça ne me donne pas du tout envie…


J’ai appelé Michel, le proprio, pour lui demander s’il était d’accord de m’aider à rédiger un article sur le thème. Il a tout de suite dit oui…

Du coup, j’ai sauté sur mon vélo et je me suis rendue sur place, à Lantin.


Comme je le disais plus haut, la particularité de la Ferme à l’Arbre est qu’elle possède une production propre de légumes et de viande. C’est précieux dans un monde où l’on se demande de plus en plus d’où viennent nos produits et que l’on paie au prix plus que fort le moindre déplacement. 


En plus, la Ferme Pâque, c’est une longue histoire à Liège. Le projet démarre en 1978 ! Pour le récit en long et en large, ainsi que toutes les dates clefs, rendez-vous sur leur site.


Et c’est parti pour toutes les questions que j’avais à poser…



Ferme Paque

Comment être sûr de l'origine des produits bios ?

Une chose est sûre, c’est que chez Pâque, on ne badine pas avec l’origine des produits : 

« Tout ce qui entre ici est bio, ce qui n’est pas le cas dans tous les magasins bios. Et on préfère aussi le local, on achètera un produit plus cher mais plus proche de chez nous que de tabler sur le prix et le faire venir de loin. »

Voilà que le ton est donné. Oui, tout est bio.

Oui, mais comment es-tu sûr que les produits sont réellement bio ?

« Certains produits viennent de chez nous : une grande partie des œufs, de la viande, des légumes, ainsi que les farines.


Pour cette production, aucun doute à avoir, nous élevons et cultivons avec soin et éthique. Et chacun peut pousser la barrière du potager ou la porte de la grange pour poser des questions ou voir ce que nous faisons.


Ensuite, nous privilégions les artisans du bio, avec lesquels nous entretenons une relation de confiance.


Enfin, pour ce qui vient des grossistes, nous faisons confiance aux contrôles en place.

Que ça soit pour l’Europe ou pour le reste du monde, les contrôles sont réguliers. »


Michel va plus loin…

« Par contre le bio est un label, et le côté social ou local n’est pas toujours pris en compte, ce qui est dommage.


C’est bien d’avoir un produit bio et labellisé mais ce n’est pas suffisant.


Bien entendu, personne n’a le contrôle sur ce qui se passe ailleurs et vu l’exigence des industriels pour monétiser le bio, les normes peuvent être plus ou moins strictes selon les pays.


Cependant, tous les pays sont tenus de respecter le cahier des charges européen »


Et donc, de conclure…

« On préfère vendre les produits de chez nous. D’une part, c’est une grande fierté et une belle satisfaction, d’autre part, ils ne nécessitent aucun transport, et enfin, ils sont plus riches en nutriments car ils attendent moins avant d’être mangés. »


consommer bio


Est-ce important de manger des produits de saison ?

Il est clair que les produits de saison sont plus respectueux de la terre, du climat et du consommateur.


« La politique de la maison est de proposer presque de tout à chaque saison sans pour autant faire l’apologie de la tomate au mois de janvier. Elle est chère, elle vient de loin et elle n’a pas de goût. Pourtant certains clients en veulent quand même tout au long de l’année, donc je préfère leur vendre une tomate bio plutôt qu’ils n’aillent la chercher en conventionnel dans une grande surface ».


Donc oui, tu trouveras des courgettes qui viennent d’Espagne parce que ce n’est pas encore la saison en Belgique mais par contre, inutile de chercher des poires en juin s’il n’en reste pas de la saison passée…


« Pour les fruits et légumes, à l’exception des produits tropicaux, on exclut ce qui est hors Europe. Certains produits ne seront pas achetés s’ils viennent de trop loin, comme par exemple les pommes d’Australie ou de Nouvelle-Zélande. Nous ne travaillons pas non plus avec la Chine dont le marché est trop occulte que pour qu’on ait confiance. »


La ferme cultive plus de 60 légumes donc chaque année, même si certaines cultures ne donnent pas leur maximum à cause de la météo trop sèche, trop humide, trop froide ou trop chaude, on peut tout de même trouver une production familiale tout au long de l’année.

Les œufs enrichis en oméga3 sont-ils meilleurs pour la santé ?

« Je me pose la question autrement… Cherche-t-on de l’œuf qu’il soit équilibré ou qu’il soit supplémenté en oméga3 ? Parce que si les poules sont nourries avec des suppléments d’oméga3 mais élevées en cages, le problème se déplace de la complémentation au bien-être animal…


Les œufs que nous vendons viennent essentiellement de nos poules (de temps en temps, si la demande est trop forte, nous nous fournissons ailleurs). Nos poules vivent à l’extérieur et sont nourries avec des mélanges de graines équilibrés. Donc pas d’œufs enrichis en oméga3 mais des œufs de poules élevées en plein air. »

En 2022, lors du European Organic Awards 2022, La Ferme à l’Arbre gagne le premier prix et devient le meilleur point de vente bio d’Europe, parmi plus de 2000 participants ! 

Est-ce que le bio est mieux ?

Le bio « logique » est très certainement une voie intelligente pour les hommes comme pour la terre, cependant, il évolue de manière alarmante…


« Le bio se fait phagocyter par la grande industrie. Le problème n’est pas tant une perte de marché pour les magasins bio mais surtout une baisse des standards pour tout le monde ».


Un exemple ? Avant, un poulet ne pouvait pas être tué avant 84 jours, aujourd’hui comme le consommateur veut de petits poulets, l’éleveur peut les tuer à 73 jours.


« Notre rôle en tant que commerçants est de sensibiliser le client, non de l’éduquer. L’éducation, c’est plutôt le rôle de l’État. » 


Un rôle que ce dernier prend bien peu à cœur selon moi.


Pour Michel, de nos jours, on a un peu trop oublié la partie « logique » de l’économie bio. Les décisions se prennent bien trop souvent pour gagner ¼ de % de marge supplémentaire et malheureusement, le budget alimentaire d’une famille est descendu à 12% aujourd’hui alors qu’il était de près de 50% voilà 70 ans.


« Au départ proposer du bio en grande surface pourquoi pas, ça permet d’attirer l’attention du consommateur mais ça devient n’importe quoi. Le tout bio est totalement incompatible avec l’industriel… »


La qualité a un prix et n’est pas disponible toute l’année, or les grands magasins veulent :

  1.   Du volume

  2.   Du permanent

  3.   Du parfait visuellement

  4.   Du toujours moins cher

L’opposé en somme de l’agriculture biologique qui respecte les saisons, favorise la qualité de goût à l’esthétique, respecte le rythme de la terre et demande du soin et de la patience.


« Le problème c’est que le consommateur entend l’info la mieux diffusée, et l’info la mieux diffusée est celle des lobbies : ceux qui tentent un maximum de faire descendre les standards. Nous restons ici centrés sur le travail bien fait, dans la logique d’une production pensée en intelligence et respect avec la terre ».  


Michel choisit de continuer à travailler comme il l’a toujours fait, avec bon sens, tant du côté humain que du côté terroir. La terre est nourrie et protégée, les tomates, même si elles sont vendues en janvier, ne sont jamais bien situées dans le rayon hors saison et les poules vivent dehors.


« Notre rêve est que l’ensemble du secteur en revienne aux fondamentaux parce que le bio actuel est en train de perdre son âme ».  




Est-ce que la viande est issue de la ferme ?

« Une grande partie de la viande vient de chez nous. Les animaux sont nourris avec le fourrage de la ferme et supplémentés avec les mélanges bio SCAR. Le reste vient de chez quelques fermiers bio locaux, on leur achète les bêtes et on les travaille ici. On travaille la viande tous les jours, sauf le dimanche. »


Une information importante que j’ai apprise est que la Wallonie, à l’inverse de la France ou de la Flandre par exemple, interdit l’ajout de nitrite dans ses charcuteries bios et ce, depuis 2010.


“Le règlement bio wallon n’accorde lui aucune dérogation pour l’utilisation de sels nitrités, et ce depuis 2010. Cela ne signifie pas que la charcuterie wallonne est complètement exempte de nitrite naturel, présent dans le sel marin raffiné ou dans la viande.” (RTBF)

Les produits bios sont-ils meilleurs pour la santé et ont-ils meilleur goût ?

« Les qualités gustative et nutritionnelle dépendent de plusieurs choses : la variété, la qualité de la terre et le temps qu’on laisse au produit avant de le récolter. En non-bio la terre est de moins bonne qualité, elle est usée année après année, elle devient secondaire. Les engrais chimiques bypassent la terre et appauvrissent le terroir.  La terre n’est plus qu’un simple support et n’est plus considérée comme un élément vivant. »


Sans compter que les produits chimiques déversés dans l’agriculture traditionnelle se retrouvent dans les eaux souterraines, dans notre corps et créent des perturbations endocriniennes et digestives.

Conclusion : est-ce important de manger bio ?

L’enjeu du bio n’est plus à démontrer. Sa qualité, par contre, est sacrément remise en question, essentiellement à cause de l’utilisation abusive du Greenwashing par l’industrialisation. 


En tant que consommateur, nous détenons une petite part de pouvoir que nous avons le droit – le devoir ?- d’actionner à chaque achat. De nos jours, il n’est en effet plus question de simplement manger bio mais de se demander quel bio nous voulons privilégier.


Au-delà des infos que j’ai été chercher, j’ai eu le plaisir de me sentir reconnectée à une mission qui a du sens pour moi : honorer la terre, les hommes qui la travaillent et contribuer à prendre soin du monde dans lequel je vis.


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